Pitta !! (food truck)
Toujours dans la lignée des food trucks de la place de la Riponne à Lausanne, voici mon coup de coeur ! Aussi bien professionnel qu’humain. Je vous présente donc le « food truck » Pitta !!
Mon coup de coeur
Au premier contact de ce jeune couple d’origine grecque, Yota et Anastasios, aux commandes de leur petit business, j’ai été séduit par ce mélange d’humilité, de gentillesse, voire parfois de timidité et surtout de leur cuisine, authentique, faite avec amour et passion, c’est en tout cas mon ressenti, qui c’est confirmé par la suite. Sans parler de leurs prix qui sont vraiment abordables.
De même, parmi tous ces food trucks, dont certains sont vraiment bien conçus, sophistiqués et attrayants, leur petit stand, très simple mais fonctionnel, détonne un peu en accentuant ce sentiment que j’éprouve. Mais c’est normal, avec un petit budget pour se lancer, ils ont dû être inventifs et faire usage d’un système D assez astucieux, le résultat est dans ce cas plutôt une réussite 🙂
D’ailleurs les 2 T de « Pitta !! » (qui s’écrit avec un seul t normalement) les symbolisent bien.
En effet, on y retrouve un petit four double permettant de cuir sur place encore deux plaques de pitas (ce qui correspond à 12 morceaux), deux bains maries permettant de garder au chaud les plats du jour, une vitrine chauffante qui maintient les diverses pitas à bonne température. Un coin découpe. Et enfin, des chevalets ardoise où sont indiqués les produits du jour. Le tout sous un parasol, pratique aussi bien quand le soleil tape que quand la pluie est de la partie.
À noter que les mercredi et samedi au marché (rue Saint-Laurent), ils sont en mode réduit, avec un tout petit stand (1 table) et un stock limité de pitas uniquement.
Une histoire humaine
Derrière la sympathie et le dynamisme d’Anastasios, se cache un sacré parcours. Sans rentrer dans trop dans les détails et s’éloigner du sujet de base, après sa formation dans une de mes meilleures écoles hôtelières publiques à Paris, avoir travaillé dans des restaurants de la ville en tant que cuisinier, il retourne en Grèce pour ouvrir un bar. Cela sera un succès ! Qui le poussera, avec un ami et investisseur, à en ouvrir un second. À nouveau une réussite (même le New York Times en parlait !). Mais c’était sans compter avec cette maudite crise, qui d’ailleurs fait encore les titres de l’actualité ces jours.
Dès lors, plus aucune solution, si ce n’est de tout arrêter, la mort dans l’âme. De là, sa volonté de réussir et s’en sortir l’ont poussé, d’abord en Italie, pour ensuite arriver en Suisse, où il obtient assez rapidement un CDI chez un géant du commerce de détail. Il y travaille avec assiduité et pour le bonheur de ses employeurs. Seulement l’envie de revenir aux sources, en particulier le domaine de la cuisine, tout en acquérant à nouveau son indépendance, font qu’un jour en voiture, il a ce déclic soudain qui lui montre le chemin à suivre: transmettre son amour de la cuisine de son pays à travers les marchés helvétiques. Et la chance aidant, c’est aussi à cette période que la ville de Lausanne désire développer une activité de food trucks à la Riponne; c’était la situation idéale pour débuter leur belle aventure en 2014.
Pita, késako ?
La pita dont il est question, est celle originaire de thessalonique, à ne surtout pas confondre avec le « pain pita », que l’on retrouve en Turquie (souvent pour les kebabs) et dans des pays arabes.
Ici il s’agit d’un feuilleté farci. Souvent avec des légumes, du fromage ou de la viande. La réussite de sa réalisation réside principalement dans ses deux ingrédients principaux que sont la farine et l’huile d’olive. Cette pâte s’appelle aussi phyllo.
C’est vraiment un plat populaire, ce sont les bergers qui en consommaient passablement, car facile à préparer, avec des herbes sauvages et pratique à transporter.
Des pitas, mais aussi des plats du jour
Mine de rien et sans le vouloir, la base de la cuisine grecque traditionnelle est naturellement orientée végétarienne/végétalienne, ce qui colle parfaitement avec la tendance actuelle.
D’ailleurs il y a chaque jour, au moins une pita, voire un plat du jour « vegan », disponible dans leur assortiment.
Donc, on retrouve les pitas, en fonction des produits de saison: courgettes-menthe, poivrons, orties, poireaux, tomates-feta, etc. Mais aussi un ou deux plats du jour, comme la moussaka, les courgettes ou poivrons farcis, les chaussons d’aubergines ou encore une « ratatouille ».
Les pitas
La pâte (phyllo) est faite maison, sans levain, elle est encore pétrie à la main, puis aplanie à l’aide d’une machine et terminée encore manuellement. Elle ne contient ni lait, ni oeufs. Anastasios n’aime pas les produits trop gras et il essaie de limiter au mieux la quantité de matière grasse, ce qui fait qu’en moyenne il y a moins de 10% de M.G dans ses préparations.
Pour les versions vegans, le beurre est remplacé par de l’huile d’olive, et elles ne contiennent donc pas de fromage ni évidemment de viande, même si à la base ce n’est pas le cas de toute façon.
La moussaka
Pommes de terres suisses, viande hachée suisse, aubergines, sauce béchamel Mornay, noix de muscade. Sa recette est celle originale et traditionnelle grecque.
Les courgettes farcies
La farce se compose de riz, oignons en compotée (cuits 3 heures), viande hachée suisse, cannelle et fines herbes (aneth, menthe et persil)
Les poivrons farcis
Un des plats du jour vegan. Sa farce se compose de riz, oignons en compotée, pignons de pin, raisins secs, cannelle et fines herbes.
Chaussons d’aubergines « Papoutsakia »
Des aubergines garnies de viande hachée suisse, d’une béchamel Mornay et d’épices.
Briam
Cela ressemble à une « ratatouille », mais c’est cuit au four. Mélange de courgettes, poivrons, pommes de terre, huile d’olive et épices. Elle est servie avec du riz aux raisins secs.
Les produits
Tout est fait en sorte d’utiliser des produits locaux et suisses, en fonction des saisons et du type évidemment. Ce sont des produits frais qui sont utilisés chaque jour pour préparer les plats proposés, d’autant plus qu’une pita s’altère après une journée et il est donc inévitable de la préparer dans les plus courts délais.
La viande est d’origine suisse, les légumes, si possible de saison et donc aussi produits ici, idem pour la farine.
Mon test
J’ai pu tester pratiquement toutes les pitas, dans la partie hivernale comme estivale. De même la moussaka et les courgettes farcies.
Pita courgettes menthe CHF 4.-
C’était mon premier essai, et j’ai tout de suite croché. À la base j’adore les légumes, surtout cuits, donc ce mélange courgettes, oignons,menthe ne pouvait que me ravir. La texture est agréable et ce léger goût mentholé amène un côté « frais » qui n’est pas pour me déplaire.
Pita tomates, feta, olives CHF 5.-
Étant d’origine italienne, j’ai tout naturellement apprécié ce mélange qui me fait penser à des plats de chez moi. Les tomates avec la feta ont du retour en bouche, le tout accompagné de morceaux d’olives noires, miam !
Pita poireaux feta CHF 5.-
Encore un légume que j’affectionne, donc ce fut un plaisir de le déguster couplé avec du fromage grec.
Pita poivrons CHF 4.-
Pas fan des poivrons à la base, je me suis laissé tenter un jour, et j’avoue que c’est plutôt pas mal 🙂
Pita épinads feta CHF 5.-
Ah, le légume pour lequel il m’a fallu le plus de temps pour accepter d’en manger étant petit ! Et bien sous cette forme, il en devient très bon.
Pita orties feta CHF 5.-
Ayant déjà mangé de la soupe d’ortie, ainsi que de l’omelette, merci maman, je n’ai eu aucune peine à déguster cette pita. Cela a un goût particulier, mais que je trouve plutôt sympa.
Pita fanes de rave feta CHF 5.-
Peut-être celle que j’aime le moins. Son goût s’apparente un peu au navet, légume que je ne porte pas forcément dans mon coeur.
Moussaka CHF 14.- ou CHF 7.- demi-portion
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la portion normale cale bien ! La purée de pommes de terre est onctueuse et goûtue, mélangée avec la sauce béchamel, le hachis de viande et les tranches d’aubergines, c’est un orgasme papillaire :-p
Courgette farcie CHF 4.-
Farcie dans sa longueur, le mélange riz et viande hachée est plutôt probant. Elle est proposée avec un peu de yogourt à côté. Pour les gros mangeurs, il faut en prendre au moins 3 ou 4.
Horaires et emplacements
Place de la Riponne, Lausanne: mardi et jeudi 11h00 – 14h30
Rue Saint-Laurent, direction Manor: mercredi et samedi (marché) 9h30 – 13h00
Avenir
Après leurs débuts modestes et un peu désorganisés, la prochaine étape serait donc d’optimiser l’organisation mais surtout d’avoir un laboratoire où pouvoir tout préparer de manière plus cadrée et en libérant alors la cuisine de leur domicile qui est devenue aussi leur premier lieu de travail par la force des choses.
De même, développer encore plus le service traiteur, toujours axé sur la cuisine grecque. D’ailleurs ils seront présents au « Le Livre sur les quais » à Morges en septembre, où la Grèce est l’hôte d’honneur.
Faute de desserts (Anastasios se dit un piètre pâtissier), des boissons grecques seront proposées, tels du thé ou du café.
Verdict
Tout me plaît, peut-être moins amateur des pitas aux fanes de navet ! Le seul bémol serait que très souvent ils sont sold out si on n’arrive pas assez rapidement, en particulier pour la moussaka 🙂 De même ils n’ont pas encore de site, voire page Facebook, mais le bouche à oreille fonctionne bien, surtout quand c’est bon 😉
